Emeric de Monteynard

Aux arbres penchés

Forme d’hommage, rendu non par un botaniste, mais plutôt comme le ferait un voisin qui partagerait un espace et voudrait témoigner d’un peu d’amitié ou d’émerveillement devant le silence tenu ou cette façon qu’ont les arbres de pousser, de contenir ou de vieillir et, quand ils meurent, simplement d’ajouter de la terre à la terre. La tentation est grande de prêter aux arbres des pensées, des intentions et de vouloir les mesurer au crible des nôtres, tant ils respirent et se dressent et semblent nous ressembler. Mais tout est là qui nous oppose ! Nous, nous appartenons à l’espace, eux au temps ! Et quand ils s’exposent et bien plus que nous, nous ne savons que nous échapper, quitter, aller et, souvent, nous enfuir. Nous sommes ceux qui prennent et eux ceux qui donnent. Je ne sais pas précisément nommer ce qu’ils sont, cette puissance, la tension qu’ils affichent à laisser la vie les pénétrer, d’abord par le bas et puis de part en part. Peut-être est-ce leur façon de durer, d’être fort ? J’aime penser ce qu’écrit Erri de Luca, qu’un arbre ressemble bien plus à un peuple qu’à une personne, qu’il s’implante avec effort, s’enracine en secret et que s’il résiste… «commencent alors des générations de feuilles» ! Je sais depuis peu qu’un arbre ressent les marées et que l’eau le traverse… que l’ondée, la rosée, quelque part viennent de lui, comme un cadeau. Aussi s’il ne peut être un modèle, ne serait-il pas comme un ange, gardien de la terre, quelqu’un qui se tait, qui sait, protège et qui nous porte ?

Emeric de Monteynard vit et travaille à Paris, mais c’est dans la Hague, face à la mer, qu’il assemble ses mots à haute voix. « À lire autant de sensualité et de sensibilité, vous ouvrez une voie. Il y a en vous, une exigence, un besoin de netteté, de pureté oserais-je dire, que vous exprimez fort bien » (Guillevic). Dernières parutions : Écalgrain (l’Arbre à paroles, 2018); Force est d’écrire aimer (l’Arbre à paroles, 2017); Écoper la lumière (l’Arbre à paroles, 2015) Pétra, s’égarer vers le ciel (Tertium, 2014); Aimer, le dire (Maelström, 2014); Ce qui, la nuit (l’Arbre à paroles, 2012); Aux arbres penchés (l’Arbre à paroles, 2006).

ISBN : 978-2-87406-365-7

Prix : 15,00 €

Pages : 104

Parution : 2006

Format : 130X200 mm

Couverture : Antoine Van Impe